Avec Paul Rocher l’auteur du livre Gazer, mutiler, soumettre, un débat est organisé le samedi 11 décembre à 14h30 à l’EAGR, 64 avenue de la Révolution à Limoges.

Nuages lacrymogènes, grenades de désencerclement, LBD 40… Des ZADs aux campus, des quartiers populaires aux cortèges syndicaux, manifester en France expose aujourd’hui à la violence des armes non létales. Les forces de l’ordre dégainent à la moindre occasion et la liste des blessés et mutilés s’allonge de mois en mois. Que signale cette escalade ?

Face à ce qu’il perçoit comme une crise du maintien de l’ordre, l’État attise la brutalité de sa police en la dotant d’un arsenal militaire toujours plus puissant et fourni – au grand bonheur des marchands d’armes. Démontant la rhétorique humanitaire de ses défenseurs, Paul Rocher montre que le recours massif aux armes non létales est la marque d’un étatisme autoritaire de plus en plus intolérant à toute contestation dans une période de recul social majeur. Conçues comme des armes « défensives », elles forment dans la pratique l’artillerie de l’offensive néolibérale en cours, rappelant, à quiconque entreprend d’y résister, la nécessité de l’autodéfense populaire.

De la troupe qui tirait sur les barricades limougeaudes en 1905 aux chars de Tian An Men, en passant par les voltigeurs de Pasqua, la répression des manifestant-e-s n’est pas un phénomène nouveau, ni ici ni ailleurs. Pour autant, sous nos yeux comme dans nos corps, nous relevons bien que depuis quelques années il y a une montée de la logique répressive face aux luttes de notre camp social. Manifs interdites, bloquées ou nassées, cortèges attaqués, arrestations arbitraires et contrôles policiers, écoutes et surveillance permanentes… Que nous militions dans des assos, des syndicats, des orgas politiques, féministes, écolos, lgbtq, ou gilets jaunes, que nous soyons jeunes ou moins, sous Sarkozy/Hollande/Macron, nous avons toutes et tous eu à souffrir et constater ce renforcement de l’État policier. Et bien des éléments du débat actuel laissent à penser que nous n’allons pas vers des lendemains radieux sur ce sujet-là au moins.

Dans cette logique nous avons participé toutes et tous, parfois de différentes manières, à la mobilisation contre la loi de surveillance globale. C’est ce cadre de discussion, de mobilisation et de vigilance communes face à la logique policière et répressive que nous vous proposons de maintenir dans un premier temps en coorganisant avec nous une initiative autour du livre Gazer, mutiler, soumettre : Politique de l’arme non létale de Paul Rocher.

Économiste et politiste, Paul Rocher apporte un éclairage en particulier sur la course à la technologie policière. Il montre comment cet « élan répressif » se double d’une véritable logique économique. Le marché de la technologie de coercition alimentant la répression, et inversement. Ainsi, il débusque la réalité des nouvelles méthodes sécuritaires qui y sont liées : leur discutable « non-létalité » permet un recours toujours plus fréquent à la violence légale.