Un virus est un parasite qui se réplique aux dépens de son hôte, parfois jusqu’à le tuer, explique l’anthropologue Philippe Descola. C’est ce que le capitalisme fait avec la Terre depuis les débuts de la révolution industrielle, pendant longtemps sans le savoir. Maintenant, nous le savons, mais nous semblons avoir peur du remède, que nous connaissons aussi, à savoir un bouleversement de nos modes de vie. »
No Pass(aran)
Nous sommes toutes et tous avant tout des humains remplis de contradictions et d’un désir de vivre.
Nous assumons nos choix de vie dans une économie capitaliste qui tous les jours exclut, écrase, condamne et privatise les profts pendant que les pertes sont nationalisées.
Nous parlons d’abord de là où nous sommes, c’est-à-dire de ce milieu de l’art et de la culture qui regroupe des techniciens, des techniciennes, des artistes, des musiciens, des musiciennes, des danseuses, des danseurs, des administratrices, des administrateurs... mais dans une pratique bien particulière liée à l’expérimentation et à l’improvisation libre où depuis bien longtemps déjà, nous traquons les hiérarchies et tentons de faire coexister nos différences. Cette conception nous semble résonner avec la situation de contrôle actuelle et nous amène à éditer ce texte à partager.
Qui aurait imaginé qu’en 2022 un pays comme la France dit pays des droits de l’Homme, traite une partie de ses citoyens comme des intouchables, n’ayant plus accès à certains services publics (transports, santé, culture, activités sportives...) et qui se voient interdits de travail, stigmatisés, traités de criminels par certains, privés de leurs droits ?
Comment tolérer aujourd’hui que des gens soient exclus de leur pratique publique, interdits de monter sur scène, interdits de montage technique, interdits de pénétrer dans leur bureau... ? Interdits de travailler et donc de recevoir leur salaire. Comment fait-on pour survivre dans une telle situation ?
De telles mesures sont injustifables. D’autant plus que l’on n’a jamais évalué les dégâts collatéraux qu’elles pourront occasionner. La peur n’est pas une bonne conseillère.
Le vaccin peut être une solution mais certainement pas LA solution, et encore moins quand la politique gouvernementale continue de fermer des services et des lits d’hôpitaux et de supprimer le personnel qui va avec. C’est une multiplicité d’approches qui demeure nécessaire face à LA réponse unilatérale qui ne pourra produire qu’un imaginaire figé avec ses conséquences dévastatrices et mortifères.
Il est temps pour nous de prendre une position claire, et de la partager, face aux salles et activités condamnées à s’arrêter pour cause sanitaire pendant que la cohue continue dans les transports en commun, les supermarchés et les lieux de culte. Et donc également de se positionner face à un passe vaccinal qui va exclure des gens de leur travail et donc de leur salaire.
Que nous soyons des personnes vaccinées volontaires, vaccinées forcées, non vaccinées, nous tenons à rester unies face à cette politique réactionnaire et les propos indignes qu’elle transporte.
Nous souhaitons affirmer notre solidarité avec celles et ceux qu’on a forcé à démissionner, qu’on a suspendu sans salaire dans les hôpitaux, médiathèques, métiers de la culture et l’ensemble des services publics.
Oui à la vie commune où l’on prends soin de soi et des autres, mais non à l’exclusion, à la dénonciation et la stigmatisation.
Stop à cette politique infantilisante, irresponsable et liberticide !
Signature, date et profession :
A renvoyer à davidchiesa@me.com
Ce texte a été rédigé par David Chiesa, Amanda Gardone, Natacha Muslera, Aude Romary, Michel Doneda et Jérôme Noetinger.
Texte libre d’être réutilisé et réadapté par qui le souhaite.
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