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Haute-Vienne : 300 salariés dans les rues de Limoges pour dénoncer les conditions de travail dans les EHPAD

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Plusieurs manifestations étaient organisées en Corrèze, en Creuse et en Haute-Vienne le 30 janvier 2018. Le personnel des EHPAD dénonce des conditions de travail très dégradées et un manque de moyens pour s’occuper correctement des résidents.

Aujourd’hui à Limoges, 300 salarié-es ont défilé pour manifester contre les conditions de travail dans les Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). « Jamais on ne laisserait traiter nos enfants de la même manière » affirme Florence Metge, secrétaire générale de la Confédération Générale du Travail (CGT) au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Limoges.

Après un point de rendez-vous devant la préfecture où une délégation a été reçu, les 300 manifestants sont partis en cortège direction le Conseil départemental qui a été envahit. Dans la foulée une nouvelle délégation devait être reçue sur place avant que soit organisée une Assemblée Générale. A 13h30, direction l’Agence Régionale de Santé (ARS) où malgré des portes closes, une délégation sera reçue comprenant un représentant de chaque syndicat, deux salariées non syndiquées et une représentante des familles.

Une situation locale préoccupante

En Limousin la population est vieillissante. Seulement 10 000 places sont recensées dans 118 EHPAD. Cela entraîne des listes d’attente énormes et les personnes âgées doivent attendre plusieurs mois voire un an pour bénéficier d’une prise en charge. Les résident-es accueillis sont très diminué-es sur le plan physique et psychique. Ces personnes nécessitent des soins et une prise en charge lourde du fait de leurs états de santé.

Le ratio soignant-soigné est dans la moyenne générale c’est-à-dire six aide-soignantes pour dix résidents. Cela se résume par 15 toilettes complètes par soignant, des manutentions lourdes, des aides au repas voire une assistance totale pour les repas, des changes plusieurs fois par jours. Une infirmière peut se retrouver à prendre en charge 80 patients avec distribution des médicaments, soins de plaie, pansements, perfusions, injections, etc. Entre des professionnels épuisés et des personnes âgées malmenées, la situation n’évolue pourtant pas. Le bien-vieillir ne semble pas une priorité pour le gouvernement.

La population du Limousin est une population en majorité rurale. Ces personnes ont de faibles revenus. La plupart touche le minimum vieillesse. Comment une personne touchant une pension comprise entre 300 et 800 euros par mois peut financer un prix de séjour compris entre 2 000 et 2 500 euros/mois ?

Le droit d’alerte : un devoir de dénoncer les dangers

Après ce constat, et plusieurs mois de mobilisation, la CGT compte faire exercer un droit d’alerte, commun à tous les EHPAD du département « pour obtenir enfin les moyens humains et financiers indispensables pour répondre aux besoins des résidents ».

Cette procédure permet de signaler l’existence d’un danger pour la santé ou la sécurité, d’une atteinte aux libertés individuelles, la dangerosité d’une situation. Ici, le danger est à la fois physique et psychologique pour les salariés mais aussi pour les usagers :« la toilette doit se faire tellement rapidement qu’on l’appelle VMC : visage-main-cul (...) Elle doit se faire en sept minutes par personne ! (...) On nous oblige à mal faire notre travail et quand on rentre chez nous le soir, on culpabilise », raconte Monique Sanz-Sindo, aide soignante à l’EHPAD de Couzeix. Comme la situation est commune à l’ensemble des EHPAD, la CGT veut faire exercer ce droit d’alerte de manière collective. Une seule alerte pour tous les établissements, leurs salariés et usagers.

Une intersyndicale au niveau du CHU était demandée par la CGT santé et Sud santé sociaux pour faire face à la situation alarmante mais celle-ci n’a pas pu avoir lieu : les élections professionnelles dans la fonction publique hospitalière ont lieu en 2018, hasard ou coïncidence ?



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