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Procès du squat de l’avenue de la Révolution : délibéré le 29 octobre

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Le procès pour expulsion d’une quarantaine d’occupant.e.s du 4 bis, avenue de la Révolution s’est tenu ce vendredi 11 octobre matin au tribunal de grande instance de Limoges. La petite salle d’audience a été vite remplie par une quarantaine de personnes. Dehors devant le tribunal, une autre cinquantaine de personnes étaient rassemblées, occupantes, occupants et soutien de Chabatz d’Entrar et de la Cantoche. L’entreprise Speed Rehab, propriétaire des lieux depuis janvier 2019, demande une expulsion en urgence pour pouvoir faire de cet espace un écoquartier, et pour « préserver la santé des personnes ». Selon l’avocat de Speed Rehab, le site est si pollué (il appartenait à EDF GDF avant) qu’il faut expulser les occupants, en somme pour leur bien. Cet avocat a fait un parallèle étrange et cynique : « il y a des gens à Rouen qui se battent contre la pollution... et ici, vous vous battez pour occuper un endroit pollué ! ». L’urgence est telle que l’avocat de l’entreprise se trompe en parlant des projets sur le bâtiment d’à côté qui appartient à Limoges habitat et qui n’est pas occupé. Pour la défense, une première avocate (choisie par un seul des occupants) a demandé à la présidente du tribunal si jamais elle ne déboutait pas le propriétaire, à assortir l’obligation de quitter les lieux de délais suffisants pour que le déménagement ne soit pas trop brutal. Avocate de plusieurs dizaines des autres accusé.e.s, Blandine Marty a ensuite parlé de la grande absente : la préfecture. Si l’expulsion est décidée, en pratique, ce serait bien la police, sur ordre de la préfecture, qui la mettrait en œuvre. Selon Maître Marty, « les squats, ça arrange bien tout le monde », et notamment la préfecture, qui, depuis le précédent squat de l’ex-CRDP, n’a pas à se soucier de reloger les 90 personnes dont 23 enfants qui, sinon, seraient à la rue. La police elle-même a même amené deux enfants des rues au 4 bis, avenue de la Révolution en demandant aux personnes du squat si elles pouvaient s’en occuper ! Plusieurs personnes des services sociaux de Limoges comme le 115 renvoient les sans-abri vers ce squat !

La défense a réfuté l’urgence qu’il y aurait à évacuer le site, en rappelant qu’il y a trois ans un événement public a été organisé sur place sans que la pollution ne semble poser problème (« La Limoges Recycling Party », partenariat Université de Limoges - Ademe - Engie - Limoges Métropole) . Des étudiants étaient invités à un concert unique sur un "lieu insolite" : une "friche urbaine".

La juge et son assesseuse ont eu l’air d’écouter tout cela avec attention. Leur décision sera rendue le 29 octobre à 14 heures, 2 jours avant la trêve hivernale.



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